Centre d'accueil pour enfants orphelins

Dans la région de Pondichéry (district de Pondichéry et état du Tamil Nadu) un centre d'accueil pour enfants abandonnés a été créé en 1991 par une jeune indienne. Une première maison a été établie pour héberger des garçons dans les faubourgs de Pondichéry. En 2009, une deuxième maison a vu le jour pour accueillir des filles dans un village sis au milieu d’une campagne verdoyante. En 2018, un foyer pour enfants gitans, APRES HOME, est intégré au centre.
L’association française Les Orphelins de Pondichéry soutient ce centre depuis 2005.

mardi 27 décembre 2016

Chaos sur la roupie

La lutte contre la corruption, l'argent sale et la fraude fiscale (au plus 3% des indiens paient réellement des impôts, ce qui correspond à un manque à gagner fiscal annuel de plusieurs milliards d'euros) et l'argent sale est certes louable. Néanmoins, des mesures trop rapides, une vision depuis les ministères de Delhi, peut-être un peu trop technocratique, voire la méconnaissance du fonctionnement des familles les plus pauvres ont plongé l'Inde dans une situation chaotique à la mi-novembre 2016.

Dès son arrivée au pouvoir, le Premier Ministre Narendra Modi avait constitué une commission adhoc, placée sous le contrôle de la Cour Suprême, pour lutter contre l'argent dissimulé (Special Investigation Team -SIT- on Black Money).
La lutte a été déployée par diverses actions sur les 2 dernières années, ce qui est sans doute un peu court pour un pays de 1,3 milliards d'habitants, composé majoritairement de population rurale.
  • En aout 2014, est lancée une vaste opération (le Pradhan Mantri Jan Dhan Yojaya -PMJDY-) offrant l'accès à la création de comptes bancaires avec un accès facilité à toutes opérations financières, d'assurances, de crédit, etc. Transactions, transferts, consultations, ... devaient être accessibles par tous moyens modernes de communication. Cette opération a effectivement vu un nombre considérable d'ouverture de comptes allant jusqu'à faire figurer cet engouement dans le livre Guiness des Records puisque le jour d'ouverture de l'opération, 15 millions de comptes en banque  ont été ouverts, sous cette nouvelle réglementation. À l'heure actuelle, 254.5 millions de comptes ont été ouverts. Si cette opération semble largement suivie, elle n'a cependant pas toujours touché les familles parmi les plus pauvres du pays.
  • S'ensuit en avril 2015, avec une fin programmée en septembre 2015, une opération pour ramener l'argent noir placé dans des pays étrangers et divers paradis fiscaux sous un régime provisoire de pénalités. Une première opération d'amnistie a été conduite sans grand succès. Environ  652 milliards de roupies (environ 9 milliards d'€) ont été déclarées, ne représentant sans doute qu'une faible partie de la totalité des transactions. Une autre opération d'amnistie est prévue.
  • Les décisions suivantes portent sur la mise en place de taxes, en particulier sur les transactions en liquide.
L'objectif de toutes ces opérations est clair : doter l'Inde d'un système financier propre et transparent. Il est vrai qu'on part de loin dans ce domaine.

C'est dans ce climat que la bombe a éclaté. Le 8 novembre 2016, le Premier Ministre Narendra Modi a annoncé vers 20h avec prise d'effet à minuit le même jour, la démonétisation de tous les billets de 500 et 1000 roupies (un peu moins de 7 et 14 €) soit 24 milliard de billets  ! Le programme prévoit de nouveaux billets de 500 et 2000 roupies.


Les citoyens ont été autorisés à rapporter ces billets pour les déposer sur leur compte lorsqu'ils en avaient ouverts un (au moins 20% des indiens n'ont pas de compte bancaire) ou pour les échanger. L’échange des anciens billets n’est plus possible à compter du 24 novembre.Au-delà de cette date et jusqu'au 31 mars 2017, l'échange restera possible mais dans des conditions et sous des contraintes complexes (somme limitée, photocopie de la carte d'identité alors que un fort pourcentage de la population indienne n'en possède pas). Tout habitué de l'Inde imagine sans peine comment dans cette situation d'urgence, les files d'attente sont devenues rapidement monstrueuses dans les banques. Bien entendu, les responsables de l'opération ont sous estimé le nombre de billets nécessaires et plusieurs banques ont du fermer faute de liquidités pour satisfaire toutes les demandes. Les distributeurs de billets ont été arrêtés pendant 2 jours. Lorsqu'ils ont été remis en service, la plupart n'étaient pas techniquement prévus pour délivrer les nouveaux billets dont le format a été modifié. L’économie s’est figée alors que des millions de personnes faisaient la queue pour procéder à l’échange.
L'Inde est un pays riche,  mais la majorité de la population reste pauvre. Le revenu annuel moyen par habitant est d’environ 1 600 dollars avec une importante classe moyenne estimée à 300 millions de personnes bénéficiant d'un revenu moyen annuel d’environ 7 000 dollars, tandis qu'un milliard de personnes gagnent seulement en moyenne 600 dollars par an. Il n'est donc pas surprenant que ces derniers n'utilisent que des espèces. Ce sont eux qui ont été touchés en profondeur par la réforme.
L’incertitude économique, conséquence de cette opération, a entraîné une fuite de capitaux étrangers, contribuant à une chute de la roupie, qui a atteint un plus bas record face au dollar.

Dégâts collatéraux :les touristes individuels de passage en Inde se sont trouvés devant la difficultés de se procurer des devises locales et le site de l'Ambassade de France les encourageait à payer par carte de crédit (peu pratique pour acheter un samosa dans la rue ou payer son rickshaw), sous forme de devises étrangères (un peu contraire au but recherché du gouvernement de lutter contre la fraude) ou de se faire envoyer de l'argent, par exemple, via Western Union (dont les caisses locales devaient être aussi vides que les caisses des banques).


Lors de mon dernier passage à Pondichéry, Alice m'avait déjà fait part des problèmes auxquels étaient confrontées les structures, comme Vudhavi Karangal, qui fonctionnent essentiellement avec de l'argent provenant de l'étranger. Le gouvernement ne fait pas de différence entre l'aide à un orphelinat et le commerce souterrain : il lui est de plus en plus en plus difficile de recevoir les dons de l'étranger sans payer des taxes excessives ou de payer en liquide les travaux réalisés dans les deux maisons. Ne serait-il pas plus utile au gouvernement de traquer les fausses associations, écrans de l'argent sale plutôt que de pénaliser toutes les initiatives humanitaires ?

Françoise Simonot-Lion, 27 décembre 2016










lundi 26 décembre 2016

Des scouts de Nancy à Vudhavi Karangal en été 2016

Nous sommes sept scouts-compagnons, quatre garçons et trois filles, de 18 à 20 ans appartenant au Groupe Notre-Dame de Lourdes de la XI ième de Nancy. Nous sommes partis pendant un mois cet été du 18 juillet jusqu'au 16 août 2016 en stage de solidarité internationale en Inde du Sud, plus précisément à Pondichéry, ancien comptoir français dans le Tamil Nadu.
C'est avec grand plaisir que nous voulons témoigner de cette magnifique expérience vécue à Vudhavi Karangal comptant deux orphelinats de 130 garçons et 84 filles âgés de 4 à 25 ans.
Après avoir trouvé notre destination sur Internet grâce aux sites des "Enfants des Rues de Pondichéry" et de l'antenne de Nancy des "Orphelins de Pondichéry", nous nous sommes réunis de nombreuses fois au cours de l'année 2015-2016 pour élaborer notre projet. Pour le financer nous avons fait des extra-jobs (emballage cadeaux pour les fêtes, services aux mariages, ventes de gâteaux et création d'un site de dons kisskissbankbank).

Enfin prêts pour le départ nous avons effectué un vol de 12h, Francfort Chennai, avec une escale dans le sultanat d'Oman. Arrivés à Pondichéry nous nous sommes installés dans une chambre pour sept dans la guesthouse qui sera notre lieu de résidence durant tout notre séjour.
Dès le lendemain nous avons fait la connaissance d'Alice, fondatrice de Vudhavi Karangal qui nous a accueillis très chaleureusement. Ensuite nous avons découvert les lieux et leurs pensionnaires. Une grande maison Tamoule entourée d'un jardin accueillait les filles. A quelques kilomètres de là, un bâtiment de trois étages était destiné aux garçons.
Très vite nous avons fait connaissance avec les jeunes en échangeant en anglais. Tous semblaient heureux de nous voir. Nous étions rassurés et prêts à passer un mois en leur compagnie !


Une journée type se déroulait de la façon suivante :
  • Matin : travaux divers dans le bâtiment en construction destiné aux plus grands (peinture, ponçage de grilles, aide à la maçonnerie). Tous ces travaux, effectués dans la bonne humeur étaient supervisés par le mari d'Alice, Maran, qui nous guidait de ses bons conseils.
  • Déjeuner sur place
  • Après-midi : Jeux partagés avec les enfants à leur retour de l'école et aide à la préparation du repas du soir.



Les moments que nous préférions étaient ceux où nous étions en contact direct avec les jeunes et où nous avions plaisir à partager leurs activités : atelier dessin, musique, danse. C 'était un vrai bonheur de les observer et de voir combien ils étaient sérieux, concentrés lors de ces réalisations. Nous aimions aussi les voir se détendre en courant dans la cour après les poules, le chien ou le chat ! Nous leur avons appris des chants et des jeux scouts.


Ce qui nous a surpris c'est de constater qu'ils étaient très disciplinés lors notamment des repas qu'ils allaient prendre dans l'ordre, rang par rang sans bousculade. Ils récitaient avec grand sérieux une forme de prière en remerciement du repas, ces enfants pouvant être hindous, musulmans ou chrétiens.


Quand nous arrivions le matin à l’orphelinat et en repartions le soir ils se précipitaient vers nous pour nous saluer et nous étions extrêmement touchés par leurs sourires et leur enthousiasme.

Les quatre derniers jours de notre projet nous sommes partis à la découverte des villes proches de Pondichéry et nous avons pu admirer les temples hindous et leurs sculptures très pittoresques, comme ceux de Chidambaram (Temple Thillai Nataraja) ou de Thanjavur (Temple de Brihadesvara).
De retour à l'orphelinat nous avons participé le 15 août à la fête de l'Indépendance qui a donné lieu à de multiples réjouissances (danses, théâtre, chants). C'était à la fois très gai mais aussi très émouvant pour nous, en particulier quand Alice a prononcé le discours de remerciement qui nous était destiné. Beaucoup d'entre nous n'ont pu retenir leurs larmes tant nous étions tristes de quitter cette grande famille qui nous avait accueillis avec tant de chaleur.


Cette expérience sera pour nous très marquante. Nous n'oublierons jamais les visages souriants de ces enfants pourtant si éprouvés par la vie qui ont su nous donner leur confiance et étaient tellement heureux de partager leur quotidien avec nous.
Nous sommes admiratifs devant la force et le courage d'Alice et Maran qui avec tant de conviction et d'amour parviennent à redonner à ces enfants l'espoir d'une vie où ils pourront se réaliser au mieux de leurs espérances.
Nous avons aussi beaucoup d'estime pour tous ceux, qui en France, comme Agnès, Françoise, Michel et tant d'autres, se mobilisent avec constance et efficacité pour soutenir cette si belle action au service des enfants.
                                                                                                                      
Marie-Ly

Nos activités en 2016

Tout au long de l'année 2016, l'antenne de Nancy des Orphelins de Pondichéry a témoigné de la vie des enfants à Vudhavi Karangal et présenté les projets en cours lors de plusieurs manifestations : au mois de mai, nous étions au Centre Inria Nancy - Grand Est, puis au Zonta-Club de Nancy ; en juin, nous avons été accueillis par l'association Compostelle-Cordoue, à Sierres, dans le Valais Suisse ; en juillet, une présentation de Vudhavi Karangal et démonstration de danse indienne ont été organisées lors de la fête pour le départ en retraite d'Agnès Volpi à l'ESSTIN ; en automne, nous avons participé aux marchés de Noël de l'Université de Lorraine (Faculté des Sciences, Faculté de Médecine) ; comme chaque année, à la fin novembre, notre stand a illuminé de ses couleurs le Marché du Monde Solidaire au Conseil Départemental de Meurthe et Moselle ; enfin, nous avons participé à un marché de Noël, organisé par l'association les Sans-sous à Roches les Blamont les 10 et 11 décembre 2016.

Au total, c'est plus de 12000 € qui ont été récoltés en dons et ventes diverses de produits indiens. À cette somme s'ajoute une subvention de 3600 € donnée par l'association Talents et Partage en contribution aux frais de construction et équipements de la salle informatique dans la maison des filles à Palayam.

Notre participation aux frais de l'orphelinat s'est répartie ainsi : 2750 € en participation aux réparations de la maison des garçons après les inondations de décembre 2015 (février 2016), 5300 € pour le toit de la salle informatique (février 2016, argent provisionné en 2015), 2600 € pour participation au frais de rentrée des filles (juin 2016), et 4200 € pour les travaux de plomberie et électricité dans la salle informatique (décembre 2016).

Vous pourrez retrouver le détail des activités de l'antenne dans le rapport moral et financier 2017 de l'antenne qui sera publié en janvier 2017.